Jour 5 : le Damaraland et la Skeleton Coast

Tweifelfontein – Musée à ciel ouvert

Première étape de cette journée, le musée à ciel ouvert de Tweifelfontein. Nous avions visité le site en 1992, peu après l’indépendance de la Namibie. A cette époque il n’y avait aucun aménagement, nous pouvions circuler librement pour admirer ces masses rocheuses gravées. Le tourisme se limitait à quelques rares petits groupes en quête de découvertes d’un monde sauvage malmené jusque là.

Aujourd’hui l’accès est payant et aménagé. Les visites sont organisées et guidées par des agents gouvernementaux mais le spectacle est intact, tout aussi extraordinaire qu’interpellant.

La visite terminée, nous nous dirigeons vers le Nord pour rejoindre la côte des squelettes (Skeleton Coast) à travers des paysages montagneux du Damaraland teintés d’orange et d’ocre. Au loin, quelques girafes broutent la cimes des rares acacias qui se sont démenés pour prendre racine et pousser sur cette terre aride et brûlante. Devant nous, une autruche s’enfuit à toute vitesse. Elles sont partout, dans tout le pays, seules, en couple et parfois en famille, toujours à fuir dès qu’on les aperçoit, même à très grande distance. Elles n’ont pas une très bonne vue mais leur acuité visuelle est particulière. Leurs cellules ganglionnaires rétiniennes leur permettent de balayer l’horizon sans même bouger la tête.

Autruches en fuite
Outarde de Ruppel
Outarde Kori

A hauteur de Berzig, nous suivons notre itinéraires vers l’Est. Un point d’eau, indiqué sur Maps.me, attire notre attention et nous décidons de nous y rendre, espérant y trouver des éléphants du désert. Cette petite zone humide surgie du désert, couverte de fleurs, de buissons et d’arbres, se révèle à nos yeux comme un éden. De nombreuses fèces fraîches d’éléphants jonchent le sol. Elles ne sont pas encore envahies par les insectes, signe que les éléphants sont là. Malheureusement, nous ne pouvons pas les voir, la végétation est trop dense. Il serait trop risqué de nous embourber alors que nous sommes seuls. Depuis que nous avons quitté Tweifelfontein, nous n’avons rencontré absolument personne, pas une âme. Y aller à pied, sans l’expérience d’un guide, serait dangereux. Déçus, nous rebroussons chemin.

Le paysage change, les montagnes ‘Etendeka’ s’éloignent faisant place à de vastes plaines de gravier. Ce désert gris, où il ne pleut que quelques millimètres par an, héberge des plantes particulières, notamment le nara et la welwitschia mirabilis.

La côte des squelettes doit son nom aux innombrables squelettes laissés sur la côte par les baleiniers et les chasseurs d’otaries. Certaines références attribuent ce nom aux carcasses de navires qui s’y sont échoués. Cette confusion serait peut-être apparue au moment de la publication du livre de John Henri Marsh « Dunedin Star ». Dans cet ouvrage l’auteur relate le naufrage du navire de la Blue Star Line sur la Squeleton Coast en 1942.

Le nara est un buisson épineux qui pousse le long de la côte atlantique. Il peut vivre près de 100 ans grâce à son système racinaire qui s’enfonce dans le sol jusqu’à la nappe phréatique. Ses fruits sucrés et juteux contiennent des graines riches en huile. Ils sont aussi une aubaine tant pour de nombreux animaux que pour les populations locales.

La welwitschia mirabilis pousse exclusivement dans le désert du Namib, le long de la bande côtière jusqu’en Angola. Cette plante n’a que 2 feuilles qui s’enroulent et se délacèrent. Sa croissance est extrêmement lente et continue. Ce sont de véritables fossiles vivants pouvant vivre des milliers d’années.

A mesure que nous avançons vers l’océan, les plaines de gravier alternent avec de basses collines rocheuses et de petites dunes.

Les lits des rivières asséchés, tels des rubans verts, se déroulent jusqu’à l’océan. Tout du long le spectacle est émouvant, empreint d’une beauté qui fait fi de la mort.

Au bout de la piste, l’océan apparaît. Nous y voila, sur cette terre que le peuple San surnomme « La terre que Dieu créa avec colère ». Les Portugais l’appelait « Les sables de l’Enfer ».

Curieux d’atteindre l’océan, nous nous lançons sur une piste à peine visible. Après quelques dizaines de mètres la Toyota s’enfonce dans le sable profond. Impossible de repartir, il faut dégager les roues et dégonfler les pneus. Nous continuons à pied tout en gardant un œil sur notre environnement car des lions du désert, en quête de nourriture, peuvent surgir des dunes à tout moment. Ils viennent chasser les otaries

A l’embouchure de la rivière Huab, un lagon attirent flamants roses et cormorans..

Nous quittons le parc national par la Huab gate signalée des deux côtés par des ossements de baleines. Le jour décline, la piste se confond avec la plaine ; comme partout en Namibie, il n’y a ni balisage, ni éclairage. Il nous reste encore 120 km à parcourir pour arriver à notre prochain campement, le Cape Cross Lodge & Campsite.

Il fait nuit lorsque nous arrivons au campement. Nous découvrons un carré central cloisonné de murs de briques gris et construit autour d’un bloc sanitaire. On se croirait dans une caserne. Le vent froid et la grisaille accentuent l’austérité de cet endroit qui n’a rien en commun avec le charme des campings éprouvés jusqu’ici. L’hôtel est désert, il n’y a pas de cuisinier. Nous prenons un repas vite fait, avant de nous réfugier sous la tente.

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