Jour 7 : Walvis Bay et Sandwich Harbour

Nous partons très tôt. Cette journée est le point de mire de notre voyage en Namibie. Nous avons rendez-vous à notre hôtel, le Blue Lagoon, à 8 h 30 avec un guide de l’agence Turnstone pour la visite des dunes de Walvis Bay et le lagon de Sandwich Harbour.

Arrivés au Blue Lagoon, à peine avons nous déposé nos bagages que notre guide vient nous chercher. Un jeune couple d’Italiens est déjà installé dans la Land Cruiser. Rudy, notre guide, arrête la voiture à l’entrée de la route qui longe le rivage et nous propose une promenade sur la digue pour observer les oiseaux pendant qu’il prépare le véhicule : dégonflage des pneus et plein de carburant. La grisaille ne s’est pas encore dissipée, nous espérons une belle journée ensoleillée.

Nous avons de la chance, la marée est descendante, nous pourrons parcourir l’étroite bande de sable entre les dunes et l’océan. Flamants roses, avocettes et pélicans profitent de la vase déposée par la marée.

La Land Cruiser nous emmène par la route goudronnée vers les dunes. Nous passons devant les salines de Walvis Bay. Après une vingtaine de kilomètres, la route s’arrête et nous entrons dans le désert. Rudy stoppe la voiture et nous fait sortir. Nous admirons l’étendue de petites dunes tandis que notre guide semble chercher quelque chose. Il vient vers nous avec un minuscule lézard, c’est un gecko palmato. Il est presque transparent avec de grands yeux. Le jour, il se terre dans le sable tandis que la nuit il se nourrit d’insectes et s’abreuve de la condensation sur le sable et sur ses grands yeux qu’il lèche grâce à sa longue langue. Il mesure à peine 6 ou 7 cm et peut supporter des températures allant jusqu’à 60 degrés.

A quelques pas, un petit serpent se cache sous un buisson et s’enfuit à notre approche. Il se déplace latéralement. Cette caractéristique n’appartient qu’à quelques espèces, ce sont des serpents ‘sindewinder’. Leur venin peut être fatal. Le serpent ‘sindewinder’ qui vit dans le désert de Namibie est la vipère de Peringuey. Elle mesure une vingtaine de centimètres. Comme le petit gecko, elle se protège de la chaleur pendant la journée et la nuit elle aussi s’abreuve en léchant ses écailles.

Poursuivant notre randonnée au bord de l’océan, nous croisons un chacal à chabraque couché à côté d’une jeune otarie qu’il vient de tuer. C’est un charognard, il attend que toute vie s’échappe de sa proie avant de la manger.

Nous arrivons au point de rencontre des dunes avec l’océan ; ici les dunes peuvent parfois dépasser 100 m de haut et dévaler dans l’océan.

Rudy nous explique que les traînées de sable rose-pourpre sous nos pieds sont des grains de pierres précieuses et semi précieuses charriées par les rivières dans l’océan qui les rejette ensuite avec la marée. Sur une macro photo, il nous montre des éclats de diamant et de rubis.

Pendant que Rudy prépare un lunch au bord de la mer, nous escaladons une haute dune. Du sommet, la vue sur le lagon de Sandwich Harbour est spectaculaire. C’est un lagon d’eau douce qui a donné naissance à une zone humide unique. La lagune est bordée par une roselière alimentée par une source d’eau douce, appelée ‘Anixas’ qui signifie en langue topnaar ‘la place des oiseaux’, parce qu’un grand nombre d’espèces s’y concentrent.

Au large, des giclées d’écume attirent notre regard, c’est le dos d’une baleine qui émerge de l’eau, elle est accompagnée d’un dauphin.

La marée remonte, il est temps de partir. La plage devient trop étroite et notre chauffeur expérimenté lance la Land Rover jusqu’au sommet des dunes. Nous jetons un dernier regard sur ce paysage époustouflant que l’océan semble avaler.

Notre sage randonnée se transforme en rallye sportif. La Land Cruiser grimpe les dunes et les descend en se laissant glisser, provoquant de sacrées poussées d’adrénaline. Nous croisons quelques springboks perdus au beau milieu de cet océan de sable. Très loin, un troupeau d’oryx, escorté d’une autruche, broute paisiblement à l’abri de tout danger humain.

Au retour sur la route, nous repassons devant les salines. Le sel récolté ici est destiné à la consommation namibienne et exporté, notamment en Europe pour usage routier.

La marée a fait fuir les flamants roses, mais ils seront là demain. Ce soir la grisaille est revenue et le vent est froid. Cette bruine est caractéristique de la côte namibienne où les précipitations sont rares et très faibles. Ce brouillard, providentiel à la survie des espèces animales et végétales du désert, se forme généralement le soir, en raison de la différence de températures entre le courant océanique froid Benguela et la chaleur continentale. La journée le brouillard s’amincit mais souvent le ciel est couvert créant une atmosphère particulière propre à la côte.

Au milieu du XIVe siècle les européens étaient convaincus que la terre était plate et que l’univers tournait autour d’elle, l’océan représentait un lieu de mythes effrayants. S’aventurer en haute mer relevait du défi que le prince Henri, dit Henri le Navigateur (1394-1460), fils du Roi Jean Ier du Portugal (1325-1433), ambitionna pour des raisons économiques et religieuses.

Henri le Navigateur fonda un cercle d’éminents cartographes, navigateurs, astrologues venus de toute l’Europe, dotant ainsi le Portugal d’un vaste savoir-faire maritime dont la navigation astronomique. Ils inventèrent la Caravelle, ce navire adapté au cabotage qui permit à Bartolomeu Diaz (1450-1500) de partir à la conquête de la route des Indes. Au cours de cette expédition, le 8 décembre 1487, Bartolomeu Diaz accosta le Sao Cristavao dans un golf qu’il baptisa « O Golfo de Santa Maria da Conceiçao » (Le Golf de Sainte Marie de la Conception), l’actuelle Walvis-Bay, avant de franchir, en 1488, le terrible Cap de Bonne Espérance.

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que la nature particulière de la baie de Walvis attira l’attention des puissances européennes. L’unique port en eau profonde du littoral atlantique austral devint l’enjeu de rivalités géopolitiques entre les ambitions coloniales allemandes et britanniques, ensuite entre l’Empire Britannique et le gouvernement d’Afrique du Sud. En 1994, deux ans après son indépendance et après d’âpres négociations, la Namibie pu réintégrer le port de Walvis-Bay.

Aujourd’hui la petite ville de Walvis-Bay, en plus d’être un port de première importance économique pour le pays, séduit de nombreux touristes de par sa situation géographique exceptionnelle entre océan et désert.

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